Saint-Mihiel (Département 55 Meuse)
13/12/2025
Église Saint-Etienne : Le Sépulcre de Ligier Richier
Dans l'église Saint-Étienne de Saint-Mihiel, lieu ancien de culte, se déploie un chef-d'œuvre de la Renaissance lorraine : le Sépulcre de Ligier Richier. Cet édifice, reconstruit du Moyen Âge au XIXe siècle, abrite aujourd'hui cette œuvre majeure, récemment restaurée, qui dialogue intimement avec l'espace sacré. Dans cette église aux vitraux colorés, la sculpture concentre l'émotion au cœur du chœur.
Ligier Richier, né vers 1500 à Saint-Mihiel, est l'un des grands sculpteurs lorrains de la Renaissance. "Imagier" du duc Antoine de Lorraine dès 1530, il fit toute sa carrière en Lorraine et Bar avant de s'exiler à Genève en 1564, suite à sa conversion au protestantisme. La Mise au tombeau de Saint-Mihiel, sa dernière œuvre connue en France, est un sommet d'art reconnu pour la noblesse des poses, l'expressivité des visages et la finesse des détails.
Le Sépulcre présente treize personnages légèrement plus grands que nature, sculptés dans la pierre calcaire locale. Au centre, le corps souple du Christ est porté par Joseph d'Arimathie et Nicodème, tandis que Marie-Madeleine, richement vêtue, lui fait un dernier adieu en embrassant ses pieds. Derrière eux, la Vierge, figure mater dolorosa, s'évanouit, soutenue par saint Jean et Marie Cléophée, tandis qu'un ange tient la croix et les instruments de la Passion.
Autour de cette scène principale, d'autres gestes complètent le récit : Marie Salomé prépare le linceul, une femme présente la couronne d'épines sur un linge, et deux soldats romains jouent aux dés la tunique du Christ sous le regard d'un centurion pensif. L'ensemble, d'une grande maîtrise anatomique et expressive, donne à la pierre une vie et un mouvement intenses. Œuvre majeure de la sculpture du XVIe siècle, le Sépulcre continue de fasciner par la puissance de ses expressions et la précision de ses détails.
Pour pleinement apprécier la richesse des expressions et des détails, il vaut mieux contempler le Sépulcre sans éclairage artificiel, car la lumière froide écrase la finesse et la profondeur des visages sculptés.