Constantin Meunier, la genèse d’une image

Constantin Meunier (1831-1905) a consacré son œuvre à représenter le monde ouvrier dans sa réalité physique et sociale. Ses sculptures, tableaux, gravures et illustrations montrent des corps tendus sous l'effort, des muscles contractés, des gestes répétés, marqués par la fatigue et l'exigence du travail industriel. Mineurs, métallurgistes, débardeurs et ouvrières sont observés avec rigueur : chaque posture traduit la discipline et la résistance nécessaires pour affronter les conditions de vie et de travail du XIXᵉ siècle. Comme le rappelait Meunier lui-même : "Je trouve le travail assez noble pour être glorifié", soulignant la dignité qu'il confère à chaque geste.

Son parcours artistique croise celui de Félicien Rops à l'Atelier Saint-Luc à Bruxelles, et leurs carrières se rejoignent dans plusieurs sociétés et expositions, de la Société libre des Beaux-Arts à la Société internationale des Aquafortistes, jusqu'aux groupes avant-gardistes comme Les XX. Meunier y développe une méthode où la sculpture inspire la peinture et le dessin, les gravures et illustrations diffusant son iconographie auprès d'un large public. Les accidents et les risques du travail ne sont jamais traités comme spectacle : ils deviennent matière d'observation et de témoignage, révélant la force physique et la résilience des travailleurs.

L'exposition Constantin Meunier, la genèse d'une image, montre cette démarche dans toute sa portée. Sculptures, tableaux, gravures et illustrations y sont réunis pour restituer la densité du travail et la tension des corps. Le parcours met en évidence l'influence de Meunier sur ses contemporains et sur la diffusion d'une vision réaliste du monde ouvrier, rappelant que son art ne se limite pas à représenter le travail : il le documente, le glorifie et le fait comprendre dans sa rigueur, sa complexité et sa dignité.